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Voyage dans le temps au Cambodge

Maria Hacker, notre assistante communication a visité nos projets au Cambodge pendant trois semaines. Elle s’est rendue à Oddar Meanchey, où de nombreuses personnes avaient fui en 1997, à la suite de violence. A leur retour en 1999, ces personnes avaient reçu une prise en charge médicale de Malteser International. Maria nous raconte son séjour et son voyage dans le temps.

« Bonjour ! Es-tu prête ? », me lance Thoeuth, le chauffeur. Je monte en voiture, sans savoir comment il faut que je me prépare aux prochains jours, et à ce retour dans le passé grâce aux interviews que je vais réaliser avec d’anciens réfugiés. Deux heures plus tard, nous arrivons à Samraong, un petit village dans le nord du pays, à quelques kilomètres de la frontière thaïlandaise. Nous passons la porte du bureau de Cambodian Health and Human Rights Alliance (CHHRA), notre organisation partenaire dans la région. Depuis sa création en 1995, CHHRA vient en aide aux populations vulnérables dans la province d’Oddar Meanchey. 

Fuite en Thaïlande

Au bureau de CHHRA, je rencontre Heng Kim Noeum, le responsable des programmes, qui m’accompagnera ces prochains jours et me montrera les lieux historiques. Au fil de nos discussions, je plonge dans le temps. Retour en 1997, une année marquée par les conflits et la fuite de nombreuses personnes vers la Thaïlande. Noeum me raconte comment lui et sa famille se sont réfugiés dans un temple et ont pu avoir la vie sauve. Peu de temps après, la famille fuit le pays et se retrouve dans un camp pour réfugiés cambodgiens en Thaïlande, à six kilomètres seulement de la frontière avec le Cambodge. A l’époque âgé de 17 ans, le jeune Noeum apprend l’anglais et fait le lien entre les réfugiés et les organisations humanitaires sur place. Rapidement il rencontre des collègues de Malteser International, qui offre des soins médicaux dans le camp. Ils ont alors besoin d’un interprète. Jusqu’en 2010, Noeum travaille pour Malteser International avant de rejoindre CHHRA.

Retour, malaria et une clinique mobile

Le lendemain nous partons rejoindre le poste-frontière. Les maisons tout au long de la route se ressemblent toutes. « Les soldats y vivaient avant avec leurs familles », m’explique Noeum. Les souvenirs reviennent à mesure que nous avalons les kilomètres. « Nous avons traversé la frontière à pied et n’avions presque rien emporté. Certains étaient à moto. » C’était en 1997. Deux ans plus tard, le paysage est différent. La guerre était finie, et les populations commençaient à retourner dans leurs villages. « Au long de cette route, sur près de 40 kilomètres, l’Ordre de Malte a offert des soins médicaux aux populations. La malaria a posé un grand problème, au milieu de ce paysage boisé. Un terrain parfait pour les moustiques, qui ont rapidement propagé la maladie. Nous avons donc mis en place une clinique mobile. » Noeum parle au pluriel, à l’époque il faisait partie de l’équipe de Malteser International. Il était chargé d’analyser les échantillons sanguins. Le décor est aujourd’hui bien différent : il n’y a presque plus d’arbres et nous avons croisé presque personne.

Renforcer les structures

La clinique mobile a fonctionné quelques mois. En 2003, Malteser International a construit un centre de santé et formé des infirmiers et sages-femmes. En 2010, le centre a été transmis aux structures locales et fonctionnent encore aujourd’hui. « Avant, c’était le seul centre de santé de la région. Chaque jour nous devions soigner de nombreux patients atteints de dengue. Aujourd’hui on ne reçoit environ que neuf patients par jour. La plupart souffrent d’infections pulmonaires. En effet, il arrive souvent de brûler déchets avec du charbon », explique Lyvoeun Kuy, le responsable du centre. Quand je lui demande ce qui manque aujourd’hui, il me répond «notre propre ambulance ! Nous devons aujourd’hui la partager avec dix autres centres de santé. »

Une aide volontaire et durable 

A la suite du projet de lutte contre la malaria en 1999, Malteser International a mis en place un projet d’aide à la mère et l’enfant (de 2006 à 2015) et un projet d’assurance maladie communautaire pour les populations particulièrement vulnérable dans le pays (de 2009 à 2012). 

L’Ordre de Malte a laissé de nombreuses traces de ses activités dans la province d’Oddar Meanchey. Dans de nombreux villages, les puits, maisons et réservoirs à eau on peut y voir collé le logo de Malteser International. Un auxiliaire de santé volontaire, formé par Malteser International, est présent dans de nombreux villages. Il fait le lien entre les structures de santé et les villageois. 

Désormais, des organisations partenaires comme CHHRA ont repris le flambeau et l’aide est désormais locale et nationale. Ainsi les populations d’Oddar Meanchey, apprennent pas à pas à s’aider de manière indépendante et à construire le futur. 

Texte : Maria Hacker 
Traduction francaise : Isaure Schützeichel 
Novembre 2017

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