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#NotATarget - Journée Mondiale de l'aide humanitaire 2017

Notre personnel met chaque jour sa vie en danger en venant en aide aux populations vulnérables dans le monde. Ces dernières années, de très nombreuses attaques contre le personnel humanitaire ont été enregistrées. A l’occasion de la Journée Humanitaire Mondiale qui a lieu le 19 août, nous avons rencontré Emmanuela Gore, responsable de projets au Soudan du Sud, qui, enfant a été elle-même bénéficiaire d’aide humanitaire. Elle nous raconte son histoire.

J’ai grandi à Juba, alors que la situation politique au Soudan était très fragile. La guerre civile a éclaté en 1983 et mon pays a été frappé par la famine en 1988. J’ai vu de près des familles se battre pour arriver à nourrir leurs enfants. En 1989, alors que je venais d’intégrer l’école, nous avons dû fuir les combats dans notre village pour trouver refuge à Khartoum, la capitale. La vie était très rude, nous vivions dans des camps de réfugiés sans avoir accès de quoi se nourrir. Par chance, mon père a pu m’inscrire à l’école, ainsi que mes sœurs, à Khartoum, où nous avons passé le reste de notre enfance et toute notre scolarité. En 2011, le Soudan du Sud a finalement gagné son indépendance vis à vis du Soudan.

Depuis longtemps je rêvais d’aller étudier à l’étranger, pour trouver un bon travail et pouvoir aider financièrement mes parents et frères et sœurs. J’ai toujours su qu’une bonne éducation scolaire était la clé pour se sortir de la pauvreté. Du coup, j’ai fait des recherches pour faire mes études à l’étranger. J’ai décroché une bourse étudiante pour faire mes études en Allemagne. 

Etant la fille d’un pays en guerre, mon objectif était de retourner dans mon pays après mes études pour participer au développement du Soudan du Sud. Ayant été bénéficiaire d’aide humanitaire internationale, j’avais compris comment fonctionnait le système d’aide. J’avais été témoin des difficultés d’acheminer l’aide aux personnes les plus vulnérables. C’est ainsi que j’ai décidé de faire tout mon possible pour toujours aider les plus nécessiteux, quel que soit l’occasion. Et me voilà donc aujourd’hui à travailler au sein de Malteser International pour aider, de mon mieux ceux qui ont besoin de notre aide.

Cependant, la situation sécuritaire au Soudan du Sud est toujours très instable et imprévisible. Des embuscades, des tirs et attaques directes sont signalés chaque jour. Au début de l’année, du personnel d’une organisation humanitaire internationale a été kidnappé par des rebelles dans la ville de Meyendit. Quelques jours plus tard, un convoi humanitaire a été attaqué à Yirol Est et un humanitaire et un patient ont perdu la vie. Six autres personnels humanitaires ont péri dans une attaque sur la route entre Pibor et Juba. Travailler dans ces conditions peut être triste et démoralisant. 

En tant que femme, les violences sexuelles sont d’autant plus préoccupantes. L’année dernière, un groupe de soldats a violé plusieurs humanitaires à Juba. Depuis, le gouvernement a mis en place une série de mesures pour améliorer la sécurité dans la capitale, mais il reste encore d’énormes chantiers à mener dans l’ensemble du pays. Malgré ma formation en sécurité personnelle, j’ai toujours peur de ce qui peut arriver n’importe où, à n’importe quel moment.

Néanmoins, j’ai la chance de pouvoir contribuer un peu au développement de mon pays au sein de Malteser International et d’apporter mon aide à ceux qui sont dans le besoin. Etre témoin de la capacité de résilience et la force qui habitent les populations vulnérables est une vraie source d’inspiration et de motivation pour mon travail quotidien. Parce que je sais ce que c’est de dépendre de l’aide humanitaire, aider ces personnes à vivre de manière saine et digne n’est pas seulement mon travail, mais également ma raison de vivre.


Interview : Michael Etoh; Texte : Isaure Schützeichel (août 2017) 



"la situation sécuritaire est très instable au Soudan du Sud ... mais aider ces personnes vulnérables est devenu ma raison de vivre."


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